The Urban Farm Collective

D’après Janette Kaden, Portland est la seule ville des Etats-Unis où lorsqu’ils vous demandent ce que vous faites dans la vie, les gens s’attendent à ce que vous leur parliez de vos hobbies et non de votre travail. Plutôt sympa comme bourgade ! Ainsi, si nous avions rendez-vous avec elle au Tin Shed Cafe Garden, le restaurant bio qu’elle a monté voici 11 ans, ce n’était pas pour qu’elle nous parle cuisine… mais jardinage.

Cette aventure est partie d’une bande de potes qui voulaient simplement partager les légumes de leurs différents potagers. Et puis l’idée a prise, l’entreprise a pris de l’ampleur, si bien qu’aujourd’hui, Janette est à la tête du « Urban Farm Collective », un collectif qui gère désormais 17 jardins dans Portland.

L’idée est simple. Toute personne qui possède un bout de terre qu’elle aimerait cultiver, mais qui n’est pas en mesure de le faire (pas assez de temps, de connaissances, trop vieux,…) peut contacter le collectif. Ensuite, l’équipe de volontaires se met en quête de jardiniers dans le quartier, qui voudraient travailler sur ce potager. Le plus dur, nous explique Janette, c’est de trouver un « garden manager ». Pour chaque jardin, le collectif veut avoir un responsable qualifié, capable de former tous les volontaires qui viendront, ainsi que les enfants, car l’aspect éducatif est primordial dans ce projet. C’est pourquoi certains jardins restent sur liste d’attente avant que l’on puisse leur trouver un responsable. Une fois le jardin lancé (cela nécessite en général 500$ d’investissement pour installer l’irrigation, acheter le matériel etc.), chacun peut venir y travailler quand le « garden manager » est là.

Pour ce qui est de la récolte, une partie va aux propriétaires qui prêtent les terrains, pour le reste il est troqué chaque semaine au marché des volontaires. Le marché des volontaires ? Oui ! Tous les mercredis, les jardiniers récoltent les fruits et légumes des 17 jardins et les apportent sur ce marché très spécial. En effet, il n’est ouvert qu’aux volontaires, c’est à dire à toute personne qui a donner de son temps pour un des jardins (que ce soit une heure ou quarante !). Chaque heure de travail (qui est enregistrée par les « garden managers ») donne droit à un certain nombre de points que l’on peut troquer chaque mercredi contre des légumes. Enfin, tout ce qui reste après le marché est donné à une banque alimentaire. Ainsi, aucun argent ne circule autour de ces jardins, ce qui semble plus sain aux yeux de Janette. Pour l’instant, le collectif a encore besoin de soutiens de la ville ou d’autres partenaires (comme le Tin Shed Café par exemple !) pour financer le démarrage des potagers et de quelques dizaines de dollars annuels pour l’entretien, mais dans l’absolu, Janette, voudrait essayer de faire un maximum de récupération pour utiliser un minimum d’argent.

Une belle initiative que Janette voudrait voir prendre de l’ampleur, bien qu’elle nous confie : « Il faut que l’on se réorganise car pour l’instant je suis quasiment seule pour gérer l’administration de 17 jardins, ce qui n’est pas soutenable pour moi, je travaille 40h par semaine pour le collectif ! ». Ainsi, pour rendre ce projet durable, Janette envisage une répartition des tâches plus précise, afin que ce collectif puisse perdurer et travailler à plus grande échelle.

Après avoir discuté sérieusement pendant 40 minutes tout en voyant les plats tournoyer autour de nous, nous avons finalement craqués et sommes restés déjeuner au Tin Shed Garden Café. Eh bien, on peut vous dire que Janette est sûrement une bonne jardinière, mais elle sait aussi mener un restaurant !

Clémentine

 Pour aller plus loin :

http://urbanfarmcollective.com/

Portland

S’il il nous fallait décrire la ville de Portland (Oregon) rapidement, ce serait assurément les mots « développement durable », « douceur de vivre » et « innovation » qui nous viendraient à l’esprit en premier. A quelques miles de la mer et des montagnes, au milieu des vignes, de la forêt et des champs de blé, cette petite ville à taille humaine nous a tout de suite séduits. Il faut dire que nous étions logés chez des amis et que nous avons été particulièrement bien accueillis par Sarah, Damien et leurs deux enfants dans leur confortable maison (avec un potager!).

Si la ville n’a pas su attirer beaucoup d’entreprises (hormis quelques-unes comme Nike ou Intel…), Portland s’est bien rattrapée en concentrant son activité sur le développement durable. Elle a réussi en 2004 à repasser sous la barre d’émission de CO2 qu’elle produisait en 1990 ! Et les progrès continuent…

Voici dans le désordre quelques innovations dans le domaine du développement durable que nous avons pu voir à Portland :

  • Dans les super-marchés

Nous sommes allés dans un super-marché bio et local où il y avait pas mal d’idées. A part la vente en vrac des produits qui se voit de plus en plus en France, nous avons découvert une initiative originale au rayon poissonnerie dans le super-marché New Seasons. Des panneaux indiquaient grâce à un code couleur si les poissons étaient issus d’une pêche responsable ou non. Les produits ayant une couleur rouge (indiquant une pêche non responsable) ont peu à peu été radiés des rayons. De plus les panneaux indiquent si les poissons sont frais ou non. Seul problème : aucun renseignement n’était donné sur la période optimale de pêche pour les poissons sauvages. (Si vous voulez un très bon site pour connaître tout cela, avec à la clef plusieurs recettes, il suffit d’aller sur http://www.mrgoodfish.fr). Enfin pour finir, les tickets de caisses sont parfois imprimés recto/verso afin de réduire le gâchis de papier.

  • Les rigoles de drainage biologiques (« bioswales »)

Afin d ‘allier lutte contre l’érosion, contre la pollution des nappes phréatiques et cours d’eau, contre les inondations hivernales et enfin verdissement de la ville, Portland a mis en place partout dans la ville des « rigoles de drainage biologiques ». Il s’agit tout simplement de parterres de plantes filtrantes qui sont placés judicieusement en bas de la pente des routes et parkings. En plus d’absorber le trop-plein d’eau lors des fortes pluies, cette construction évite que les huiles de moteurs et autres déchets liquides répandus sur le bitume finissent droit dans les rivières. Ces rigoles sont même devenus obligatoire pour chaque construction de parking ! Par contre nous n’avons pas réussi à savoir si les plantes filtrantes étaient suffisamment efficaces pour nettoyer l’eau de pluie qui s’infiltre dans les rigoles.

  • Ligne prioritaire sur les autoroutes pour les bus et le covoiturage

Nous n’avons pas observé cette initiative qu’à Portland, mais cette article nous permet d’en parler. Il s’agit tout simplement d’une file de voiture située à gauche sur la chaussée qui est réservée uniquement aux bus et aux voitures ayant plus de deux personnes à bord. Symbolisé par un losange blanc, cette idée incite fortement au covoiturage, à l’utilisation des transports public et par la même occasion à la réduction de la pollution et des embouteillages.

  • Les éco-districts de Portland, un moyen d’évoluer ensemble

La ville de Portland est maintenant divisée en plusieurs éco-districts. Le but de ce grand projet est que chaque quartier définisse des objectifs de réduction de la pollution. Cela passe par de la coopération entre les entreprises, particuliers et institutions pour réduire les déchets, produire de l’énergie propre, repenser la ville… Chaque année des responsables d’autres villes sont invités pour voir les initiatives lancés par ces éco-districts.

  • L’institut de recherche BEST (Built Envronment and Sustainable Technologies)

Grâce aux recherches et aux conférence de l’institut BEST, Portland ne cesse d’innover dans le domaine du développement durable. Ces recherches, qui allient différents acteurs, permettent notamment d’évoluer dans le domaine du bâtiment, de l’énergie (saviez-vous par exemple que les panneaux solaires au-dessus des toits végétalisés fonctionneraient mieux que sur des toits normaux?) …

  • Recyclage et compostage

Tout est pensé pour le recyclage. Si vous achetez quelque-chose à manger ou boire à emporter, ce sera bien souvent dans du carton ou du plastique compostable ! Et pour forcer la main des citoyens sur le recyclage de leurs déchets, seule la poubelle du compost est depuis peu ramassé chaque semaine, les autres ne sont ramassées qu’une semaine sur deux. Des lois sont même mises en place pour permettre aux gens d’avoir des poules dans leur jardin (qui mangeront alors les déchets compostables) tout en assurant leur bien-être. Et pour réduire les déchets, certaines écoles vont même jusqu’à bannir les couches jetables pour leurs bambins !

  • Agriculture urbaine et bibliothèques d’outils de jardinage

Ici, comme dans de nombreuses villes que nous avons traversé, l’agriculture urbaine est de mise. Certains quartiers se sont même dotés de « bibliothèques » d’outils mises à la disposition des main vertes.

Enfin, vous l’aurez compris, Portland regorge d’idées pour le développement durable ! Et ce n’est sans doute pas pour rien que la ville a récemment choisi de fusionner son département de la planification de l’urbanisme et celui de l’environnement…

Valérian

Pour aller plus loin :

le site de la ville de Portland : www.portlandonline.com

le site des éco-districts : http://ecodistricts.org/ ainsi que leur document de planification (pleins d’idées ici pour les villes et municipalités !) : pdf framework ecodistrict

le site du super-marché New Seasons : http://www.newseasonsmarket.com/

le site du programme BEST : http://www.ljmu.ac.uk/BLT/BEST/index.htm

le site pour acheter du poisson durable au bon endroit et au bon moment : http://www.mrgoodfish.com/fr/index.html

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Uncommon ground : le premier jardin sur le toit certifié bio aux États-Unis

Un restaurant en matières 100% recyclées ou biodégradables qui sert les légumes de son jardin bio à ses clients, qui propose des expos, de la bonne musique, des cocktails originaux et qui possède même des panneaux solaires pour recharger les voitures électriques. Le tout à des prix complètement accessibles… Ça existe !

Uncommon Ground est un restaurant de Chicago qui possède déjà deux enseignes. Grâce à Jen, en charge du jardin d’Uncommon Ground sur Devon Street, nous avons pu visiter le plus récent, mais aussi le plus abouti des deux lieux.

Le concept est simple : un resto bio avec une cuisine inventive et de qualité, à des prix raisonnables, mais surtout le plus écolo possible. Tout le bâtiment est construit en éco-matériaux achetés localement (autant que possible), l’eau de pluie des toits est récupérée et utilisée pour arroser le jardin de la terrasse et le chauffe-eau fonctionne grâce à des panneaux thermiques. Mais la vraie innovation c’est le jardin sur le toit et dans des bacs sur la terrasse du rez-de-chaussé, où Jen fait pousser toutes sortes de fruits et légumes bios. Des groseilles, aux choux, en passant par les carottes, les tomates, les poivrons, les betteraves, les herbes aromatique ou même le miel, tout ce qui est produit est utilisé pour approvisionner le restaurant en produits frais, de saison et ultra locaux. Évidemment, le but n’est pas de fournir 100 % des besoins en fruits et légumes, c’est parfaitement impossible. Mais ce jardin permet de faire découvrir l’agriculture bio au clients, d’organiser des événements et de proposer des plats spéciaux « rooftop » à la carte tous les jours. Premier toit-végétal certifié bio au États-Unis, Uncommun Ground est aussi certifié quatre étoiles « Green restaurant », un label donné par une association qui évalue la durabilité des restaurants aux États-Unis, mais aussi des entreprises ou des transporteurs.

Mais ce qui rajoute la petite touche supplémentaire c’est que Jen, avant d’être une jardinière, est une artiste. Et ça se voit : les tailles, les couleurs, les formes, les odeurs : rien n’est laissé au hasard dans l’agencement des légumes ce qui donne un résultat absolument magnifique.

Clémentine

Pour aller plus loin :

Des légumes pour sauver Détroit

Une ville désertée, des bâtiments en ruine, des terrains vagues à gogo…. Détroit n’est vraiment pas une ville qui attire au premier abord. Capitale de l’automobile, les délocalisations et la crise du secteur ont entraîné des hausses du chômage et le départ de plus de la moitié de ses habitant ces cinquante dernières années. Aujourd’hui, une timide gentrification commence dans certains quartiers et cela se voit : les maisons sont mieux rénovées, on peut trouver des magasins avec des fruits et légumes et surtout, on peut trouver quelques blancs dans une ville ou la communauté afro-américaine est majoritaire.

Mais dans toute cette misère, l’entraide s’organise et des solutions émergent. L’agriculture urbaine en est une. Avec de nombreux terrains vagues, un accès difficile à de la nourriture saine et un chômage élevé, Détroit semble être le paradis pour les jardins urbains ! Et il y en a de toutes sortes pour tous les goûts. Certains voient dans les potagers la possiblité d’accompagner les jeunes adolescentes enceintes vers l’éducation (Catherine Ferguson Academy for Young Women in Detroit), d’autres utilisent l’aspect esthétique des jardins pour enseigner et promouvoir l’agriculture urbaine (Lafayette Greens, financé par des entreprises d’ordinateur !), d’autres enfin en font une véritable production (D-town farm). Earthworks Urban Farms est encore une autre initiative intéressante : leur but est de produire des fruits et légumes pour la « soup kitchen », soupe populaire qui permet aux personnes du quartiers d’avoir un repas chaud et sain gratuitement. Là encore un accent est mis sur l’éducation des petits et des grands à l’agriculture et à la bonne nourriture produite en majorité localement. La vente de produits lors de marchés le week-end, des subventions de particuliers et de la ville, l’aide des Capucins (ordre religieux) et le travail des volontaires permet de maintenir tous cela en marche.

Bien sûr toutes ces initiatives font de l’agriculture biologique. Dans tous les cas, que ce soit les écoles, les universités, les religieux, les entreprises, les agriculteurs ou les particuliers, tout le monde s’y met ! Détroit n’a pas dit son dernier mot et compte bien rehausser son image de ville-fantôme. Ça va mettre du temps, mais l’expérience est unique !

Valérian

Pour aller plus loin :

Fermes urbaines à New York

Des légumes sur les toits de Brooklyn ? Vous en aviez peut-être déjà entendu parler, mais nous nous sommes allés leurs rendre visite !

On pourrait croire que New-York est LA ville par excellence et donc complètement bétonnée. C’est loin d’être le cas. C’est justement dans la cité des buildings que l’on croise des jardins communautaires à chaque coin de rue (ou presque !). A Manhattan ce sont plutôt des espaces couverts de fleurs, de bancs et de pergolas qui permettent aux habitants de se détendre ou de se réunir, et à Brooklyn c’est le coin des potagers. Quasiment chaque « block » a son terrain pour faire pousser des légumes. Généralement ce sont des petites parcelles, comme celui de Welcome Home Garden. Mais, si avec Violaine tout le monde cultive ensemble et se partage la récolte, dans la plupart des potagers on trouve des petits carrés individuels qui permettent à chaque famille de s’approprier un bout de terre. Certaines initiatives, sur de plus grands terrains, peuvent prendre encore plus d’ampleur. C’est ce que nous sommes allés explorer dimanche dernier.

Nous avons ainsi pu visiter Eagle Farm. Une ferme sur les toits de vieux entrepôts de Brooklyn. On monte d’abord un étage pour atteindre le marché où l’on peut acheter des légumes le dimanche. Puis, un nouvel escalier conduit jusqu’au toit. Là, face à Manhattan, on découvre un poulailler, une terrasse, des abeilles et des rangées de radis et de poivrons ! Esthétiquement parlant c’est vraiment fascinant. C’est aussi une manière complètement innovante de se nourrir, malgré le béton, en utilisant toutes les surfaces possibles. Hormis les problèmes techniques que cela suppose pour monter la terre, l’eau, le matériel, cela nous semblait donc à première vue être une solution urbaine géniale. Après avoir discuté quelques temps avec les bénévoles (car oui, le dimanche, chacun peut venir aider!), nous avons évidemment découvert quelques failles… Pas d’ombre, peu de profondeur de sol, le terrain ne convient donc pas à tous les légumes. Après avoir conservé une certaine diversité dans les cultures les premières années, Eagle Farm, déçue par certaines productions a finalement décidé de se concentrer sur les légumes qui fonctionnent le mieux, c’est à dire les radis et les choux chinois au printemps et les poivrons en été. En réduisant ainsi le nombre d’espèces, plus de rotation possible…. et sans rotation longue avec des mêmes cultures qui reviennent fréquemment sur un même sol cela favorise l’apparition de maladies et de parasites (virus, nématodes…). Et alors comment rester en bio et gérer la prolifération des maladies ou autres nuisibles ? Il va encore falloir innover ! La culture en hauteur, suppose de se creuser les méninges.

Une fois redescendus, nous sommes partis pour Sewing Seeds Garden, dans un autre quartier de Brooklyn. Dans ce jardin, une équipe de cinq garçons mène un projet à plusieurs facettes. Sur un grand terrain (en fait ils ont deux jardins, conçus sur le même schéma, mais nous n’avons visité que le plus récent), ils ont plusieurs activités. En entrant, on arrive dans un jardin communautaire classique avec ses carrés individuels, sur le côté un espace pédagogique permet à des classes de faire pousser des légumes et d’apprendre comment se fait un compost. Puis tout au fond du terrain, une micro-ferme est gérée par les cinq compères qui vendent la production sur un marché. Par peur des sols pollués, les légumes y sont cultivés dans des sacs en plastique sous-irrigués. Cela donne ainsi un mélange vraiment intéressant où se rencontre des informaticiens aux mains vertes, des juifs orthodoxes à papillotes, des familles mexicaines en maillot de bain, des couples bobos dans la trentaine,… Et c’est là qu’opère la magie de Brooklyn car tout ce monde là se mélange plutôt bien.

 

Clémentine

Liens utiles :

Eagle Farm : http://rooftopfarms.org/

Love your Block !

Ça y est, comme pour les classes vertes quand nous étions petits, nous avons eu notre boom de fin de wwoofing. Toute la journée de samedi, du matin jusqu’au soir, nous avons réalisé des activités pour les petits et les grands lors de la fête de quartier « Love your block ». Pour nous, la journée a débuté de bonne heure par le tri des fleurs que nous allions planter au pied des arbres dans la rue. Savoir si la plante est annuelle ou pérenne, si elle a besoin d’ombre ou de soleil, si elle a besoin d’eau ou pas… Bref, un tri qui nous permettait de placer chaque plante au bon endroit en fonction de ses besoins. Ensuite, à 10 h, l’événement a vraiment commencé et Shon, un voisin, nous a fait de délicieux pancakes sur le barbecue. Avec des fraises et des myrtilles fraîches, le tout arrosé de sirop d’érable mmmmh…. C’était un vrai délice ! D’ailleurs ça a permis de rameuter pas mal de monde (surtout des enfants) pour la suite des activités. Pendant que certains dessinaient ou mangeaient, nous avons commencé à nettoyer et planter des fleurs dans la rue. Il faut avouer que ceux qui nous aidé jusqu’au bout on été peu nombreux, mais plusieurs personnes donnaient des coups de main par-ci par-là. Certains étaient contents d’embellir la rue ou du moins l’arbre devant chez eux, d’autres étaient heureux de jouer avec des pelles, du terreau, un arrosoir et des plantes, ou d’autres enfin avaient tout simplement envie d’apprendre ou de donner un coup de main. Évidemment, vers midi, l’aide c’est fait plus rare avec la chaleur qui montait. Les escaliers devant chaque maison qui sont habituellement bien occupés se vidaient. Même les enfants ont arrêté leur bataille d’eau ! Nous sommes donc aussi allés nous mettre au frais à l’intérieur le temps du déjeuner avant de reprendre l’après-midi.

Vers 18 heures, Mrs Backer, une petite dame de plus de 80 ans qui connaît tout le monde et surtout que tout le monde connaît, nous a servi un très bon chili au jardin. Elle avait cuisiné toute la journée pour nous le servir avec du « corn-bread » et une citronnade bien rafraîchissante. Clémentine, en même temps, apprenait aux enfants à faire des « Grass-heads » à l’aide de bas, de terreau et de graines de gazon. Le principe est simple : il suffit d’arroser sa « Grass-head » quelques jours avant de voir pousser des cheveux verts. Ça permet d’amuser le enfant tout en leur faisant toucher du doigt le jardinage.

Faute de vidéoprojecteur, nous n’avons pas pu voir de film sur l’écran blanc que nous avions peint au mur, mais la journée avait été bien chargée. Le soir nous étions épuisé. Heureusement nous nous sommes couchés tôt avec l’idée que Shon ferait de nouveau des pancakes au jardin le lendemain. Ça motive !

Valérian

Les enfants de Brooklyn

Vivre à Brooklyn, cela fait aussi partie de notre expérience à Welcome Home Garden. Nous voici plongés au cœur d’un quartier ultra populaire, nous qui n’avons jamais vraiment vécu dans ce milieu là. Même si nous nous sentons plutôt bien et même accueillis quand on se balade dans Halsey Street, ce n’est quand même pas toujours évident. Déjà parce que nous sommes nouveaux et puis parce que nous sommes quasiment les seuls blancs. Nous nous faisons remarquer et pourtant chacun fait mine de ne pas faire attention à nous.

Ici, pas beaucoup de travail, chacun erre un peu dans la rue, discute, s’arrête sur le pas d’une porte, écoute de la musique (dans sa voiture, très fort, avec la porte ouverte!), … Le matin quand nous traversons la route pour aller au jardin alors que les adultes papotent dans la rue, nous avons le droit à un bonjour avec un grand sourire, mais ça s’arrête là. Quasiment personne ne franchit la grille du jardin communautaire pour donner un coup de main, simplement profiter du lieu, ou parler avec nous. On dirait que ce potager les fait sourire, leur plaît même, mais ne les intéresse pas vraiment. Évidemment, certains voisins sont réellement impliqués dans le potager avec Violaine et y viennent tous les dimanches, mais – aussi bizarre que ça puisse paraître – ce sont surtout ceux qui ont un emploi et donc peu de temps.

En revanche, dès 15h30 et la sortie de l’école, c’est la folie. Tous les gamins qui passent devant le jardin s’y arrêtent pour dire bonjour, regarder les fraises, dessiner avec des crais, proposer un coup de main, jouer. Souvent les enfants qui s’attardent sont ceux dont on ne voit jamais les parents (qui sont trop contents d’avoir la paix sans doute!). Ce qu’ils recherchent en fait, c’est de l’attention, mais ça ne se traduit pas toujours de la même manière. Si certains s’intéressent à nous, veulent nous faire plaisir ou aider (notamment à arroser les plantes, le plus drôle!), d’autres sont plein de bonne volonté, mais décidément trop dissipés et il est impossible de les faire se concentrer plus de cinq minutes. Ceux là sont les plus durs à cadrer, car on ne veut pas être trop durs avec eux ou les sortir du jardin, mais ils nous font perdre un temps fou car si on tourne le dos plus de 5 minutes, c’est sûr qu’une catastrophe va arriver. Il faut donc constamment les tenir occupés. Parfois nous devenons de vraies baby-sitters ! Les seuls gamins qui posent vraiment problèmes sont ceux qui viennent juste jouer au caïd et détruire ou faire mal aux autres enfants. Heureusement il n’y en a pas beaucoup. Mais ceux là, nous sommes bien obligés de les faire sortir, parce que sinon c’est un boulot à plein temps pour les empêcher de saccager le jardin.

Bref, travailler à Welcome Home Garden n’est vraiment pas de tout repos, mais quelle satisfaction quand on arrive à intéresser les enfants, à leur apprendre des choses, à faire une bataille d’eau et à voir qu’ils ont passé une bonne après-midi.

Ce week-end, pour la fête du quartier, plein d’activités sont prévues au jardin pour les enfants et j’ai hâte de voir comment cela va se passer et qui se joindra à nous. Comme la journée débutera à 10h par des pancakes, ça devrait attirer du monde !

 

Clémentine

Irrigation au goutte à goutte

Certains d’entre vous – j’entends nos lecteurs les plus assidus – doivent se demander pourquoi à notre arrivée nous parlions d’installer un système d’irrigation au goutte à goutte, et que depuis on n’en entend plus parler. Et bien nous allons réparer cette erreur et vous raconter les merveilleuses péripéties que nous avons vécues grâce à la « drip irrigation » !

Tout d’abord, petite explication pour ceux qui ne s’y connaissent pas parfaitement. L’irrigation au goutte à goutte est un système qui permet d’arroser son potager grâce à un réseau de tuyaux percés qui courent le long des rangés de légumes. Quand on ouvre l’eau, elle s’écoule au goutte à goutte par les fentes des tuyaux. Cela permet d’une part d’automatiser son système d’arrosage (on ouvre l’eau pendant une heure par exemple et on peut faire autre chose à côté, pas besoin de se balader avec son tuyau d’arrosage), mais aussi d’économiser de l’eau. En effet, comme le liquide s’écoule lentement et arrive directement sur le sol, il y a moins de pertes par évaporation et l’eau a le temps de bien s’infiltrer dans la terre.

Voici un petit schéma qui vous permettra de visualiser comment ça marche.

Schéma d'irrigation au goutte à goutte

Schéma d’irrigation au goutte à goutte

1. L’épreuve du système métrique américain

Première étape avant d’installer un système d’irrigation : faire un plan du jardin, afin de pouvoir estimer la surface à couvrir et le matériel à acheter. Et c’est là que nos premières difficultés ont démarrées car il nous a fallu nous approprier le sytème métrique américain qui est – il faut bien le dire – complètement illogique ! L’idée c’est qu’ici on compte tout en pieds et en pouces. Au départ; ça part d’une bonne intention puisque ça permet à n’importe qui de calculer des distances, pas besoin d’avoir un mètre (avouons tout de même qu’il faut avoir de bons pieds et de gros pouces, car même les miens ne sont pas au bonnes dimensions, alors que, comme chacun sait, je me débrouille plutôt pas mal dans ce domaine !). Mais là où ça se complique c’est pour faire un plan, parce qu’il faut 12 pouces pour faire un pied. Alors quand on calcul une distance de 1 pied et 3 pouces et bien c’est plus difficile à représenter sur du papier millimétré !

Voici tout de même une photo du plan que nous avons pu réaliser.

plan du jardin

2. La barrière de la langue

Déjà que nos compétences en matière d’irrigation ne sont pas très pointues, mais en plus il a fallu tout reprendre depuis le début afin de nous approprier le vocabulaire anglais. Eh bien, on peut vous dire ça prend de longues heures de recherches sur internet, et de coups de téléphones afin de comprendre la différence entre un « drip tape », une « drip line », des « emitter lines », des « drip emitters », etc…

Bref, nous avons finalement choisi des « drip tape », c’est à dire des petits tubes plats avec des fentes qui ont l’avantage d’être très peu chers, résistants et de se boucher moins facilement que les tuyaux ronds.

3. Un dimanche à l’eau (dans tous les sens du terme)

Finalement, à la fin de notre première semaine, nous savions à peu près ce que nous voulions et nous étions prêts à commander le matériel. Nous comptions faire cela le lundi, car nous devions passer notre dimanche avec Violaine pour planter des tomates et les choux asiatiques. Finalement, il a plu non-stop durant tout le week-end… Plutôt dépités, nous avons décidé de passer la commande sur internet tous les trois, afin de vérifier que tout marchait comme prévu. Mais là, en nous repenchant sur le système, plein de nouvelles questions sont venues : cela pose-t-il un problème si le terrain est en pente ? Le filtre à eau est-il vraiment celui qu’il nous faut ? Finalement, c’est quoi déjà un « emitter line » ? Ca ne serait pas mieux que le « drip tape » ? … Bref, une nouvelle journée passée au téléphone à harceler un pauvre vendeur qui nous conseillait depuis la Californie. Il faut l’avouer, ce jour là, vers 16h, notre moral au plus bas, nous avons fini par attaquer une plaquette de chocolat ! A 18h, tout était prêt pour le grand saut et nous avions enfin tout compris. Nous avons passé la commande afin que le matériel nous soit livré avant la fin de la semaine.

4. Un nouveau rebondissement !

Vendredi 24 mai était un jour à marquer d’une pierre blanche ! Nous avons enfin reçu tout notre système d’irrigation. Tous contents nous filons au jardin débuter l’installation, avant de nous apercevoir… que nous avions oublié les petits connecteurs entre les « drip tape » et la ligne principale. En gros, l’Élément indispensable ! Évidemment, comme il n’y aucun vendeur de « drip tape » près de New York, nous avons du refaire une commande en 4ème vitesse et payer très cher pour être livrés au plus tôt (avant notre départ pour la Caroline du Nord).

5. The end ?

Nous avons finalement reçu les pièces manquantes cet après midi et nous avons pu débuter le travail. Tout à l’air de se passer très bien et on espère que ça va durer, car nous n’avons plus que demain pour finaliser l’installation du système d’irrigation. Ensuite ce week-end nous participerons à la fête du quartier organisée dans le jardin, avant de reprendre notre route vers le sud lundi matin.

Clémentine