La traction animale à la ferme Doubletree

Vous l’avez sans doute déjà deviné, mais à la ferme Doubletree tous les travaux agricoles se font à la traction animale. A part pour tondre, Cathy n’utilise donc pas de tracteur. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce-qu’elle aime les chevaux, et qu’elle ne se voyait pas devenir agricultrice pour conduire un tracteur.

La traction animale permet non seulement de ne pas consommer d’essence, mais le matériel est aussi beaucoup moins cher. Les chevaux permettent de désherber les prairies tous en fournissant de l’azote à l’herbe avec leurs crottins et au potager avec le fumier de l’étable. Autres avantages : cela permet à l’agriculteur d’être plus indépendant vis-à-vis de son matériel, le travail au champ est plus précis et l’agriculteur peut cultiver des petites parcelles et des terrains accidenté sans problèmes. Bien sûr la traction animale possède aussi quelques enquiquinements, comme le temps que cela prend pour labourer un champ. Sans compter le fait qu’il vaut alors mieux avoir deux chevaux de trait pour tirer la charrue ! Le mari de Cathy étant parti l’année dernière en ne lui laissant plus qu’un cheval, elle doit maintenant emprunter un cheval à ses voisins pour le labour.

Pendant nos trois semaines passés à la ferme Doubletree nous avons donc pu utiliser la jument Allis pour transporter des pierres et sarcler (désherber entre les rangs) le maïs et le sorgho. Pour le transport des pierres, du fumier ou autre, Cathy atèle Allis avec un wagon en bois. Privé de roue, cette sorte de luge permet d’avoir une grande stabilité dans les pentes. Pour le désherbage par contre c’est un sarcleur que Cathy utilise : tiré par la jument, le sarcleur possède des griffes qui s’enfoncent à la surface du sol et permet de déraciner les adventices (mauvaises herbes). Il faut donc être précis et attentif car même si Cathy a l’habitude, il lui arrive de décapiter quelques bonnes plantes du champ ! Et même si l’outil permet de désherber entre les rangs, il ne permet pas de travailler entre chaque plante sur un même rang. Il faut donc passer par derrière avec la binette pour les adventices récalcitrantes, et c’est là que les WWOOfeurs interviennent !

Valérian

Les outils de Doubletree

Pendant ces 3 dernières semaines, nous avons eu l’occasion de participer à des travaux très variés qui nécessitaient de savoir utiliser des outils spécifiques. Les connaissez-vous tous et sauriez-vous les nommer en anglais ? La ferme Doubletree sera ici l’occasion d’un petit cours de vocabulaire technique en anglais (et peut-être même en français !).

Contre les mauvaises herbes !

La lutte contre les mauvaises herbes est (comme nous vous l’avons démontré déjà à Belle Roche) un combat de chaque instant pour l’agriculteur biologique. De quels outils dispose donc Cathy à Doubletree pour remédier à ce problème ?

  • La débroussailleuse (weedeater) nous a servi à couper les herbes le long des clôtures électriques pour éviter que les chevaux et les chèvres ne s’échappent. C’est un travail qui doit être fait au moins une fois par semaine, surtout dans cette région humide où tout pousse très vite. En effet, si des plantes touchent le fil, toute l’électricité est redirigée vers la terre, car il est plus facile pour l’électricité de se propager le long d’une plante que le long d’un fil électrique. Et la barrière se retrouve hors-tension, donc inutile !
  • La binette (hoe) est un petit outil que l’on manie debout et avec lequel on peut gratter la surface du sol pour arracher les mauvaises herbes au pied des plantes (là où de plus grosses machines, moins précises, ne peuvent pas intervenir). A la ferme Doubletree on l’utilisait surtout pour désherber entre chaque plante sur un même rang.
  • Pour désherber entre les rangs de légumes on utilise le sarcleur (cultivator) traîné par Allis, le cheval de trait (draft horse). Il s’agit d’un outil avec des griffes qui raclent la surface du sol et arrachent les adventices (mauvaises herbes, weed en anglais).

Pour bricoler sur la cabane (« cabin ») où logent Sam et Mia

Nous avons utilisé toutes sortes d’outils pour fixer de la laine isolante (fiberglass insulation) sous la cabane, la remettre à niveau (car elle penchait dangereusement vers l’arrière!), recouvrir la façade de panneaux de bois et peindre les fenêtres.

  • Un cric (jack) pour soulever la maison.
  • Un marteau (hammer) pour enfoncer les clous (nails) qui servent à fixer les planches de bois (wood boards) sur la façade.
  • Un mètre-ruban (mesuring tape) pour faire toutes les mesures nécessaires.
  • Une échelle (ladder) pour fixer des planches et peindre en hauteur.
  • Un tournevis (screwdriver) pour fixer les planches de bois sous la cabane avec des vis (screws).
  • De la peinture (paint) et des pinceaux (brushes) pour peindre les fenêtres de la cabane.
  • La scie circulaire (circular saw) et la scie à main (hand saw) qui servent à découper les planches.
  • Une brouette (wheel barrow) pour transporter tous ces outils !

Pour couper du bois

Voila comment on fend du bois à la hache

  • Une tronçonneuse (chain saw) pour débiter les troncs d’arbres.
  • Une hache (axe) pour fendre le bois afin qu’il ne soit pas trop large pour le poêle.

Autres outils que nous avons utilisés sur la ferme mais dont nous n’avons pas de photos

  • La faux (scythe) qui sert à couper de l’herbe haute dans un champ pour faire du foin.
  • La tondeuse (land mower)

Clémentine

Article réalisé dans le cadre de notre partenariat avec l’école des Violette, pour la rubrique « Le coin des enfants » de notre blog

Aquarelle de Doubletree

Doubletree Farm

Savez-vous pourquoi Doubletree Farm s’appelle ainsi ? Pour deux raisons !

La première c’est que le petit cours d’eau qui alimente la ferme en eau potable (à l’aide d’une pompe) prend sa source sous un arbre à deux troncs. L’autre raison c’est qu’un « doubletree » est une pièce utilisée pour atteler deux chevaux de traits à une charrue (voir photo).

Doubletree

Clémentine

Old Timers

Vous qui avez lu Lucky Luke, vous avez sans doute toujours rêvé de danser le square dance. Pour nous c’est chose faite !

Hier en début d’après midi, Marcus (l’autre WWOOFeur qui vit chez Cathy avec nous), Sam, Valérian et moi sommes partis rejoindre Cathy au Bluff Mountain Festival, à 40 minutes de la ferme. Ce festival est destiné aux « old timers » comme on les appelle ici. C’est à dire à ceux qui vivent à la mode des temps anciens. Car oui, Cathy n’est pas la seule à travailler comme elle le fait, c’est une vraie épidémie dans le coin, entre lesvieux habitants qui n’ont jamais cessé et les nouveaux arrivants, soucieux de l’environnement. Travailler au cheval de trait n’est qu’une partie de la vie de ces « old timers » ; la musique joue aussi un rôle très important. C’est d’ailleurs pour cela que Cathy et Marcus prennent des cours de « feddle », violon avec lequel on joue de la country.

Enfin bref, au Bluff Mountain Festival, des groupes se succèdent toute la journée pour jouer de la country au milieu d’un champ. C’est une ambiance incroyable avec de jeunes couples, des parents et leurs enfants qui dansent devant la scène, des personnes âgées,… Tout le monde se connaît, se retrouve, papote. Certains groupes ont même des danseurs qui font des démonstrations incroyables avec les costumes d’époque. Finalement, la journée s’est terminée à 18h avec un prof de square dance qui nous apprenait à danser avec des pas et sur des airs plutôt faciles. L’avantage de cette danse c’est qu’il y a toujours un »caller » qui vous explique quoi faire, donc il n’y a pas besoin de se souvenir de tout !

Finalement, nous sommes rentrés vers 19h et nous avons fini la soirée sur la terrasse à boire des bières en écoutant Marcus, Sam et Cathy jouer du violon, de la guitare et du banjo. Mais ce qui rend tout vraiment magique à Doubletree Farm, ce sont les milliers de lucioles qui illuminent les champs et la montagnes tous les soirs, dès que la nuit tombe.

Clémentine

Pour aller plus loin :

These little things qui riment avec WWOOFing

 

Y’a pas à dire, on aura choisi des fermes bien différentes pour nos différents WWOOFing. D’abord le maraîchage bio au Québec avec un jeune couple dynamique qui commence à fonder un foyer. Puis le jardin urbain dans une zone populaire de Brooklyn avec Violaine, à la fois timide et en même temps hyper-active dans son jardin et dans la fête de quartier. Et maintenant une petite ferme qui est revenue à la traction animale en Caroline du Nord avec Cathy qui refait sa vie après le départ de son mari…

Mais malgré ça on retrouve tout de même certaines similitudes entre nos WWOOFing successifs. La peinture, exemple. Nous avons commencé par peindre la chambre du futur bébé à la ferme Belle Roche (Québec), puis nous avons peint un mur en blanc pour faire un écran au Welcome Home Community Garden (New-York), et ici à Doubletree farm (Caroline du nord) nous peignons les fenêtres d’une maisonnette en bleu. Faire du WWOOFfing peut donc remplacer un quelconque stage en peinture ! Il n’y a pas que ça : le ramassage de pierres est aussi une des activités que l’on aime bien donner aux WOOFeurs.

Mais il y a aussi des différences. A la ferme Belle Roche nous mettions les pierres dans une remorque tirée par un tracteur (le 1er mai sous le soleil, le jour de la fête du travail, non mais!), ici elle est tirée par une jument nommée Allis (sous le cagnard aussi, c’est un classique).

C’est ce qui fait le charme des fermes à taille humaine : vous faites du travail dans les champs, bien sûr, mais pas que. Une ferme, c’est un ensemble qu’il faut gérer, avec des petite chose à ajuster ou réparer sans cesse, il y a donc tout le temps un peu de bricolage à faire.

Aujourd’hui par exemple, nous avons profité de la présence de Marc, un menuisier, pour l’aider à rénover la petite maison de Sam et Mia (d’anciens WWOOfeurs qui louent maintenant la maisonnette). Au programme : le redressement de la maison à l’aide de crics (c’est vrai qu’elle commençait sérieusement à pencher), la création de fondations en béton pour stabiliser le tout, et enfin la peinture et la pose de planches de bois pour le contour des fenêtres. Mais ce n’est pas tout : mardi nous avions commencé par isoler le plancher avec de la laine de verre, et la semaine prochaine nous devrions faire la façade avec des planches de bois. Tout ça bien sûr entre la traite, le binage, la tonte de l’herbe le long des clôtures et le ramassage de asperges pour le dîner !

Valérian

 

La ferme au milieu des bois

Dimanche, après avoir suivi la route qui longe les Appalaches depuis la Virginie jusqu’en Caroline du Nord, nous sommes finalement arrivés à Doubletree Farm.

Depuis la route qui surplombait la vallée qui pouvions voir depuis deux jours une plaine verdoyante, de grands champs, des haies, des collines et quelques animaux. C’est donc dans ce genre de paysage que nous nous attendions à travailler.

Mais après avoir quitté la Blue Ridge Parkway, sous la pluie qui tombait avec la nuit, nous nous sommes doucement aventurés dans une vallée bien plus encaissée et surtout bien plus verte. Petit à petit, en suivant un cours d’eau sur une route de plus en plus étroite, nous nous sommes retrouvés en pleine forêt vierge. Quelques terrains cultivables le long de l’eau sont défrichés pour faire des champs, mais là haut, sur la montagne c’est vraiment la jungle, chaude et humide.

C’est donc au fond de cette vallée que se trouve Doubletree Farm. Une petite ferme de quelques hectares où l’on est accueilli par les poules et les dindes qui gambadent librement et où on se croirait plus facilement au Pérou ou à Cuba qu’au pays des OGM.

Une maison en bois, chauffée au poêle (qui sert aussi à faire la cuisine!) surplombe le champ principal où Cathy fait pousser en ce moment du sorgho, du maïs et de l’ail. En montant un peu plus haut on trouve la grange pour stocker le foin, sous laquelle s’abritent le cheval de trait et le poney durant la journée. De l’autre côté de cette grange, on accède au terrain destiné aux deux chèvres, à leurs bébés et au bouc. Encore au dessus de la grange, on tombe sur le potager qui sert essentiellement à nourrir la maison. En ce moment on y récolte surtout des asperges vertes ! Et enfin à l’arrière c’est le coin des petits fruits : mûres et framboises, qui devraient être bonnes à récolter d’ici notre départ !

Vous l’aurez compris Doubletree c’est la ferme d’autrefois, où l’on trait la chèvre à la main le matin pour faire le fromage, où l’on coupe le foin à la faux, on laboure au cheval de trait, on se chauffe et on cuisine au feu de bois. Malgré cela n’allez pas croire que nous vivons comme au Moyen-Age, car si Cathy a décidé de vivre simplement, l’idée n’est pas de se priver de tout confort. Bref, rassurez-vous tout de suite nous avons l’eau courante, l’électricité et même internet !

Après Brooklyn, nous voici donc plongés dans un tout nouvel univers où nous allons devoir apprendre à revenir aux bases, découvrir de nouveaux outils et de nouveaux gestes. Car traire une chèvre à la main c’est loin d’être évident, croyez en mon inexpérience !

Clémentine